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Au-delà des voûtes, histoire de la Confluence

(hiver 2009)

Des travaux de l'ingénieur Perrache, fin XVIIIème siècle, au projet Lyon Confluence, plus de 200 ans se sont écoulés pendant lesquels ce territoire a connu des installations industrielles et administratives qui l'ont marqué de leur empreinte. Parallèlement, une population l'a investi. Protégée autant qu'isolée par les voûtes, elle doit faire face aujourd'hui à des desseins qui remettent en question toute la structure du quartier Perrache.
Petit historique
Projet de M.Perrache au XVIIIe
Au XVIIIème siècle, Lyon est à l'étroit dans ses remparts, le projet présenté par l'ingénieur Perrache vise, comme celui de Morand, à conquérir les espaces situés au-delà du Rhône.
Le plan proposé par Perrache comporte en fait quatre grandes réalisations. Dans un premier temps, la construction d'une chaussée prolongeant les quais Monsieur et de la Charité sur trois kilomètres, puis la construction d'un pont traversant la Saône à la Mulatière. Il prévoit ensuite le creusement d'une gare d'eau avec un canal au bord duquel seront installés des moulins et des entrepôts. Ce sera un échec retentissant. Et enfin, l'urbanisation du quartier nouvellement gagné sur le Rhône et les îles Moignat.
Décrié, voire moqué, Perrache entreprend les premiers travaux en 1773, il n'en verra jamais la fin.
Comme tout grand projet il a connu des aléas, regardons ce qui se passe aujourd'hui sur le même site…
Au début du XIXème, deux maires successifs, le baron Rambaud et le comte de Lacroix Laval, reprendront le projet d'urbanisation de Perrache. Une digue sera construite côté Saône mettant fin aux perpétuelles inondations. Puis l'histoire ferroviaire et l'industrialisation naissante marqueront ce territoire pour les décennies à venir.
Entrée de la prison St Paul
Coupée du reste de la ville par la gare surélevée et ses voies, l'accès à la zone méridionale de la Presqu'île se fera désormais par les fameuses voûtes. c'est à partir de là que l'image négative du quartier situé « derrière les voûtes » va se construire avec l'installation de nombreuses industries et équipements dont le centre ville ne veut pas : les prisons, l'arsenal, les industries polluantes, les abattoirs…
Mais le quartier Perrache continue d'évoluer et accueille une population laborieuse de plus en plus importante. La construction d'une église, d'une école, le fleurissement des brasseries puis la construction des premières cités ouvrières, toutes ces structures témoignent de la vie sociale de ses habitants.
Le XXème siècle a lui aussi apporté son lot d'infrastructures refoulées du centre ville et marquant profondément le paysage et la vie de ce quartier.
l'installation du marché de gros en 1961, qui se trouvait auparavant quai Saint Antoine, a entraîné dans son sillage plusieurs administrations comme le service sanitaire, celui des fraudes ou encore la Poste. Implanté sur un site de 16 hectares, à l'emplacement de la partie Est de l'ancienne gare d'eau des frères Seguin. l'agitation nocturne qu'il va créer dans sa périphérie avec des cadences de travail particulières a rythmé le sud de la Presqu'île jusqu'à ces derniers jours.
Si les stigmates d'un passé industriel au service de la ville ont profondément blessé ce territoire, il ne faut pas pour autant en faire table rase. Ce passé a été la réalité quotidienne de milliers d'ouvriers. On ne peut que souhaiter que soit sauvegardés certains témoins de cette époque de labeur, non pas transformé en musée, mais en leur trouvant une autre destination assurant la pérennité du bâti.
Cours Charlemagne
Aujourd'hui, le projet Lyon Confluence vient rééquilibrer les choses. Ce quartier tenu à l'écart et malmené accueille un des plans d'urbanisation intra-muros les plus ambitieux d'Europe. Tout d'abord par son ampleur, la ville de Lyon est la seule du vieux continent à posséder encore autant de surface constructible et aménageable en hyper-centre. Ensuite par le choix de s'inscrire dans un programme de développement durable avec notamment l'utilisation généralisée de la norme HQE (haute qualité environnementale)salué par les instances européennes.
Mais, l'apport massif de population ainsi que les nombreux déplacements générés par les personnes qui viendront soit travailler, soit consommer ou tout simplement se promener ne sont pas sans soulever de nombreuses inquiétudes, bien légitimes, de la part de la population déjà installée autour de l'église Sainte-Blandine. Anciens habitants et nouveaux venus, tous devront trouver leur place afin de vivre ensemble dans ce nouveau quartier dont le fleuron sera le Musée des Confluences...

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