3-3_article06.php

Les articles

Cycle « maisons des champs » : dominant Lyon depuis les pentes de Fourvière, la maison de la Bréda

(printemps 2009)

Façade de la Breda

Dernier témoignage de maison des champs construite sur la colline à l'écart de la ville, la maison de la Bréda, montée Saint-Barthélémy, a été rebaptisée maison de Lorette par Pauline Jaricot lorsqu'elle l'acheta en 1832.

Petit historique

Certaines sources du XIXème siècle parlent d'une synagogue qui aurait été édifiée à cet emplacement dès le IXème siècle ainsi que d'une maison de plaisance construite sur ses ruines.

Chapelle de la Breda

Lorsque Pierre Burbenon, riche propriétaire lyonnais, fait édifier cette demeure dans les années 1520, la colline de Fourvière est alors principalement occupée par des jardins et des vergers. Vendue plusieurs fois par la suite, elle appartient au XVIIème siècle à M. Deville, vicaire général du cardinal Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon, qui découvrit un grand médaillon en cuivre représentant la tête d'un empereur couronné de laurier avec des inscriptions hébraïques. Cette antiquité précieuse n'existe plus, mais l'historien Ménétrier en a heureusement conservé la forme en la faisant graver. Ce médaillon qui pourrait signifier la reconnaissance des juifs envers Louis-le-Débonnaire, aurait été placé dans les fondations de la synagogue,  en mémoire de la permission qu'ils avaient obtenue de la faire construire.  Près d'un siècle après,  on trouva dans le même lieu un talisman hébraïque qui avait la figure d'un serpent. Au début du XVIIIe siècle, la maison a été agrandie et surélevée.

En 1832, elle est rachetée par Pauline Jaricot, fondatrice de l'œuvre de la propagation de la Foi.
En 1839, suite à sa guérison miraculeuse intervenue au village de Mugnano dont l'église abritait les reliques de Sainte Philomène, elle commande à l'architecte Antoine-Marie Chenavard une chapelle dédiée à cette sainte, que l'on peut voir encore aujourd'hui en empruntant la montée Cardinal Billé.
La maison est rachetée en 1975 par les œuvres Pontificales Missionnaires. Au début des années 2000, celles-ci souhaitent en faire un lieu de mémoire et de prière. Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, est chargé du projet. Les travaux consistent principalement à consolider le bâti et les terrasses, mais très vite, ils révèlent des vestiges inattendus.

petite ouverture en lancette trilobée

La restauration

Lors de l'aménagement du hall d'accueil au niveau de l'ancienne cave, un tronçon de voie romaine constitué de seize grosses dalles en granit épais et deux autres isolées a été mis au jour. Une dalle vitrée permet de les voir in situ. Cette découverte corrobore le fait que la montée Saint-Barthélémy a repris le tracé de l'ancienne voie romaine qui tout en desservant les maisons construites de part et d'autre, permettait de rejoindre les berges de la Saône. Grâce à l'étude archéologique du bâti et avec l'aide des plans de ville de différentes époques, on arrive à retracer l'évolution architecturale de cette maison. Il existait une première petite construction qui a été englobée dans la maison du XVIe siècle. Celle-ci était composée de deux corps de logis de part et d'autre d'une tourelle d'escalier. Mais au cours des siècles suivants, des agrandissements successifs ont complètement modifié son architecture et son agencement intérieur, tel ce bel escalier XVIIIe venant doubler celui à vis de la tourelle.
La restauration a permis la découverte de couvre-joints du XVIème siècle ainsi que de peintures murales XVIIIe. Toutes les anciennes ouvertures ont été restituées, les fenêtres à meneaux et surtout les nombreux tirs en croix, sans oublier une petite ouverture en lancette trilobée inscrite dans un arc qui constitue un élément rare de sculpture de style gothique taillé dans une seule pierre, probablement un réemploi.
Ces restitutions contribuent à redonner toute son élégance à la façade que l'on découvre surplombant la montée Saint-Barthélémy.
La maison ainsi que les accès, la chapelle et le jardin ont été inscrits à l'inventaire des Monuments Historiques en février 2004.


Retour aux articles