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Les métiers d'Art : l'orfèvrerie MG-Montibert

« L'orfèvrerie est l'art de fabriquer en métaux précieux, principalement en argent, des objets destinés au service de la table, à l'ornementation de l'intérieur et à l'exercice du culte. Aussi loin que l'on remonte dans l'histoire des civilisations, du Trésor de Toutankhamon à la salière "Neptune et Tellus" réalisée pour François 1er par Cellini, l'orfèvrerie a toujours été à l'honneur. Le XIXe siècle ouvre la voie à une production industrielle des objets, et l'Art Nouveau et l'Art déco participent au renouvellement des formes et des décors qui s'expriment dans le domaine des Arts appliqués. Depuis la dernière guerre, par méconnaissance, l'orfèvrerie utilitaire semble à beaucoup moins présente et plus tournée vers les pastiches de style Louis XV ou Louis XVI ». (Définition donnée lors de l'exposition sur l'orfèvrerie de Lyon et de Trévoux aux Musées des Arts Décoratifs de Lyon).
Considérée longtemps comme mineure par les Historiens de l'Art, l'orfèvrerie reste mal connue jusque dans la 1ère moitié du XXème siècle.
Dans les collections, les pièces du XVIIIème siècle tiennent le haut du pavé suite aux édits somptuaires de la fin du règne de Louis XIV. Mais malgré cette abondance, la production française est considérée par les experts comme le patrimoine le plus sinistré d'Europe dans ce domaine. Les causes des pertes sont multiples : guerres de religion, envois révolutionnaires à la fonte, modes...
Après la Révolution, les paroisses reconstituent leur équipement liturgique mais la suppression des corporations ayant entraîné la disparition des ateliers, elles se tournent alors vers les fabricants de Paris ou de Lyon.

Petit historique de l'orfèvrerie lyonnaise

Le travail des métaux précieux à Lyon remonte à l'Antiquité (mines d'argent de Chessy et des alentours de l'Arbresle). Mais aucun nom d'orfèvre antérieur au XIVème siècle ne nous est parvenu. Les pièces inventoriées dans les édifices religieux ne sont pas des productions locales.
Jusqu'au milieu du XVIème siècle, les seuls documents concernant les orfèvres sont les élections des maîtres de métiers. En effet, la première liste des orfèvres de Lyon sera dressée en 1556. Avant, les seuls noms parvenus jusqu'à nous sont ceux de Hans le dorier et Nicolas le dorier, tous deux tailleurs de la monnaie de l'archevêque en 1306.
A la fin XIVème, la ville de Lyon reprend son essor. Le commerce s'ouvre vers l'extérieur et les mines des environs sont remises en exploitation.
Beaucoup d'artisans sont venus s'installer entre Rhône et Saône où l'exercice du métier est libre. On en compte une dizaine au début XVème siècle. Dans l'ensemble, la corporation des orfèvres se situe parmi les métiers modestes, même si certains d'entre eux, dont l'activité est la plus connue, sont des notables et au service d'un prince. Généralement, leurs revenus sont en dessous des couturiers et des taverniers, ils se rapprochent plutôt de ceux des charpentiers et des cordonniers. A cette époque, les professions sont encore peu individualisées et les orfèvres sont joailliers, bijoutiers voire lapidaires. Jusqu'à la fin du XVIème siècle, il n'existe pas de différence entre le logis et le lieu d'exercice. Seuls les plus riches avaient une boutique.
Par ailleurs, dès cette période on voit le métier s'établir dans deux quartiers bien spécifiques. Au sud de Saint-Paul et dans la presqu'île à proximité de Saint Nizier. A partir du XVIIème siècle, lorsque l'interdiction de travailler en chambre (dans leur logis) fut de règle, les maîtres orfèvres durent ouvrir boutique. Celles-ci bien que distinctes de leurs habitations se trouvent dans le même quartier et c'est ainsi qu'au XVIIIème siècle on constate un regroupement autour de Saint Nizier où la rue des orfèvres est attestée en 1789.
Pour tout le XVIème siècle on dénombre pas moins de 539 artisans orfèvres dont les patronymes soulignent parfois une origine extérieure comme Jacques Gauvain dit le Picard ou Nicolas de Florence dit Le Florentin. Ce dernier installé à Lyon à la fin du XVème siècle, épouse Guillermine la fille de l'orfèvre Loys le Père. C'est ainsi que l'on observe la formation de tout un réseau d'alliance qui conforte les dynasties d'orfèvres : la famille de Monpensier, dont Pierre avait la garde du poinçon de la ville en 1447, les Simonet dont 9 membres exercent le métier de 1597 à 1754, ou encore Les Nesme qui poursuivront leurs activités après la Révolution, et au XIXème siècle la famille Favier qui s'installe en 1824 et conserve son atelier jusqu'en 1976.

Renouveau de l'orfèvrerie au XIXème siècle

L'un des deux plus grands orfèvres de cette époque est Lyonnais, il s'agit de Thomas Joseph Armand-Caillat (Les Abrets, Isère 1822 – Lyon 1901, orfèvre de 1853 à 1901).
La maison d'origine a été fondée en 1820 par François Calliat. A la mort de celui-ci survenue en 1851, Thomas Joseph Armand épouse sa fille et héritière, Jeanne, et reprend l'affaire située rue Thomassin à son compte. Il porte désormais le nom d'Armand-Calliat. Thomas Joseph, qui a énormément de talent, développe un style d'une grande finesse et son affaire est florissante. Il sera primé à plusieurs expositions universelles. De 12 ouvriers en 1854, il passe à 40 en 1885.
De sa rencontre avec Pierre Bossan, célèbre architecte de la basilique de Fourvière, va s'épanouir une fructueuse collaboration qui donnera naissance à des pièces majeurs de l'orfèvrerie religieuse.
Dès 1891, il associe son fils Marie Joseph à l'affaire, celui-ci ouvre des nouvelles perspectives avec l'emploi de l'ivoire et d'émaux translucides. A sa mort en 1901, l'atelier qui est à son apogée, est spécialisée dans l'orfèvrerie religieuse. Au cours de sa carrière, Thomas Joseph aura créé plus de 5000 pièces que l'on retrouve dans les plus grands sanctuaires de France. Le Palais apostolique de Rome conserve également des pièces offertes aux Papes Pie IX et Léon XIII.
A la mort de son père, Marie Joseph ouvrira l'orfèvrerie à l'Art Nouveau. Il travaillera seul jusqu'en 1920, année au cours de laquelle l'architecte et orfèvre Amédée Cateland (1876-1938) le rejoint. Mais son souci d'une parfaite exécution manuelle ne sera pas compatible avec les nouvelles contraintes commerciales. Il préfèrera alors lui céder l'orfèvrerie en 1924.
Architecte de formation et passionné d'archéologie et d'art religieux, Amédée Cateland renouvelle l'orfèvrerie religieuse à Lyon par une production qui reflète l'influence de l'Art Déco.
A sa mort survenue en 1938, ses ateliers poursuivent son œuvre jusqu'en 1967.
C'est alors que prend fin l'histoire d'une des plus grandes orfèvreries lyonnaises qui sut imposer son nom sur la place parisienne.

Admirer les plus belles pièces d'orfèvrerie

Le Musée des Arts Décoratifs de Lyon, rue de la Charité, possède, entre autres, une collection unique en France d'orfèvrerie contemporaine divisée en deux catégories : les pièces rares conçues et réalisées par les orfèvres et les pièces uniques ou de série, conçues par des architectes ou des designers et réalisées par des maisons principalement italiennes.
Le Musée de Fourvière expose les plus belles pièces de la collection d'orfèvrerie religieuse des ateliers Armand-Caillat (XIXème). Il possède également plus d'un millier de dessins.

Découvrir les dessins de l'orfèvrerie Armand-Caillat

Aux Archives Municipales, un fonds regroupe plusieurs ensembles de pièces correspondant aux différentes raisons sociales qui se sont succédées à la tête de la maison Armand-Caillat.
Approfondir le sujet : « L'orfèvrerie de Lyon et de Trévoux », Cahiers du Patrimoine 58, Editions du Patrimoine, Paris 2000

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